NOM¶
symlink - Fonctionnement des liens symboliques
FONCTIONNEMENT DES LIENS SYMBOLIQUES¶
Les liens symboliques sont des fichiers qui agissent comme des pointeurs vers
d'autres fichiers. Pour comprendre leur fonctionnement, vous devez d'abord
comprendre comment fonctionnent les liens physiques.
Un lien physique (hard link) vers un fichier est indistinguable du fichier
original car c'est une référence directe vers l'objet sous-jacent
pointé par le nom original. (Pour être précis, chaque lien
physique sur un fichier fait référence au même
numéro
d'inœud, ce numéro étant un indice dans une table
d'inœud qui contient des méta-données sur tout le contenu du
système de fichiers. Consultez
stat(2)). Les changements dans un
fichier sont indépendants du nom utilisé pour faire
référence au fichier. Les liens physiques ne peuvent pas faire
référence aux répertoires (pour éviter le risque de
boucles dans le système de fichiers, ce qui planterait de nombreux
programmes) et ne peuvent pas référencer des fichiers sur un autre
système de fichiers (car les numéros d'inœud ne sont uniques
que sur un même système de fichiers).
Un lien symbolique est un fichier d'un type spécial, dont le contenu est
une chaîne représentant le chemin d'accès vers un autre
fichier, celui vers lequel le lien pointe. En d'autres termes, un lien
symbolique est un pointeur vers un autre nom, pas vers le contenu sous-jacent.
Pour cette raison, les liens symboliques peuvent faire référence aux
répertoires et peuvent franchir les frontières des systèmes de
fichiers.
Il n'y a pas d'obligation pour que le fichier dont le nom est
référencé par un lien symbolique existe. Un lien symbolique qui
fait référence à un nom de fichier inexistant est dit
dangling link (pendouillant).
Comme un lien symbolique et l'objet qu'il référence coexistent sur le
système de fichiers, une confusion peut survenir pour distinguer le lien
lui-même et l'objet référencé. Sur des systèmes
historiques, les commandes et les appels système adoptaient leur propres
conventions pour le suivi des liens symboliques de manière arbitraire.
Des règles pour une approche plus uniforme, comme elles sont
implémentées sur Linux et d'autres systèmes, sont
présentées ici. Il est important que les applications locales se
conforment aussi à ces règles pour que l'interface avec
l'utilisateur soit la plus cohérente possible.
Propriétés, permissions, et horodatage des liens
symboliques¶
Le propriétaire et le groupe d'un lien symbolique existant peut être
modifié en utilisant
lchown(2). Le seul moment où
l'appartenance d'un lien symbolique est importante est lors de sa suppression
ou de son renommage dans un répertoire dont le bit
« Sticky » est positionné (consultez
stat(2)).
Les horodatages du dernier accès et de la dernière modification d'un
lien symbolique peuvent être modifiés en utilisant
utimensat(2) ou
lutimes(3).
Sur Linux, les permissions associées au lien symbolique ne sont
utilisées dans aucune opération ; ces permissions sont toujours
0777 (lecture, écriture et exécution pour toutes les catégories
d'utilisateurs) et ne peuvent pas être modifiées.
Traitement des liens symboliques par les appels système et
les commandes¶
Les liens symboliques sont traités en agissant soit sur le lien
lui-même, soit sur l'objet pointé par le lien. Dans ce dernier cas,
on dit que l'application ou l'appel système
suit le lien. Les
liens symboliques peuvent faire référence à d'autres liens
symboliques, auquel cas les liens sont suivis jusqu'à ce qu'un objet qui
ne soit pas un lien symbolique soit rencontré, qu'un lien symbolique
pointant sur un fichier inexistant soit trouvé, ou qu'une boucle soit
détectée. (La détection des boucles est faite en
définissant une limite maximale sur le nombre de liens qui peuvent
être suivis, et une erreur se produit si cette limite est atteinte).
Il faut considérer trois domaines d'utilisation différents des liens
symboliques. Ce sont :
- 1.
- Les liens symboliques fournis en argument des appels
système sous forme de noms de fichiers.
- 2.
- Les liens symboliques indiqués comme arguments de la
ligne de commande pour les utilitaires qui ne parcourent pas
l'arborescence des fichiers.
- 3.
- Les liens symboliques rencontrés par les utilitaires
qui traversent l'arborescence (soit indiqués sur la ligne de
commande, soit rencontrés comme partie de la hiérarchie des
fichiers).
Appels système¶
Le premier domaine est celui des liens symboliques utilisés en noms de
fichiers comme argument pour les appels système.
Sauf exception mentionnée ci-dessous, tous les appels système suivent
les liens symboliques. Par exemple s'il existe un lien
slink qui pointe
vers le fichier
afile, l'appel système
open("slink"
...) renverra un descripteur de fichier faisant référence à
afile.
Certains appels système ne suivent pas les liens, et agissent sur le lien
symbolique lui-même. Ce sont :
lchown(2),
lgetxattr(2),
llistxattr(2),
lremovexattr(2),
lsetxattr(2),
lstat(2),
readlink(2),
rename(2),
rmdir(2) et
unlink(2). Certains autres appels système
suivent éventuellement les liens symboliques. Il s'agit de :
faccessat(2),
fchownat(2),
fstatat(2),
linkat(2),
open(2),
openat(2) et
utimensat(2) ; Reportez-vous
à leur pages de manuel. Comme
remove(3) est un alias pour
unlink(2), cette fonction de bibliothèque ne suit pas non plus les
liens symboliques. Quand
rmdir(2) est utilisé sur un lien
symbolique, il échoue avec l'erreur
ENOTDIR. L'appel
link(2) réclame une discussion particulière. POSIX.1-2001
précise que
link(2) doit déréférencer
oldpath si c'est un lien symbolique. Néanmoins, Linux ne le fait
pas. (Par défaut, Solaris non plus, mais une option de compilation permet
d'obtenir le comportement POSIX.1-2001). La révision à venir de
POSIX.1 changera de description pour permettre les deux comportements.
Les commandes qui ne parcourent pas les arborescences¶
Ce second domaine est celui des liens symboliques, indiqués en tant que
noms de fichiers, comme argument pour des commandes ne traversant pas les
arborescences.
Sauf exception mentionnée ci-dessous, les commandes suivent les liens
symboliques fournis en argument de ligne de commande. Par exemple, si un lien
symbolique
slink pointe vers un fichier nommé
afile, la
commande
cat slink affichera le contenu du fichier
afile.
Notez bien que cette règle s'applique à des commandes qui peuvent dans
d'autres situations parcourir l'arborescence, par exemple la commande
chown
file suit cette règle, alors que
chown -R file, qui
descend l'arborescence, ne la suit pas. (Cette dernière est traitée
dans la troisième partie ci-dessous).
Si on désire qu'une commande agisse sur le lien symbolique lui-même
plutôt qu'en le suivant, par exemple si on veut que
chown slink
change l'appartenance du fichier
slink, que ce soit un lien symbolique
ou non, l'option
-h doit être utilisée. Dans cet exemple, la
commande
chown root slink modifierait l'appartenance du fichier
référencé par
slink, tandis que
chown -h root
slink modifierait l'appartenance de
slink lui-même.
Il y a quelques exceptions à cette règle :
- *
- Les commandes mv(1) et rm(1) ne suivent pas
les liens symboliques fournis en argument, mais essayent respectivement de
les renommer ou de les détruire. (Notez que si lorsqu'un lien
symbolique fait référence à un fichier par un chemin
relatif, il peut cesser de fonctionner si on le déplace dans un autre
répertoire où le chemin relatif ne serait plus correct).
- *
- La commande ls(1) est aussi une exception à
cette règle. Pour assurer la compatibilité avec des
systèmes historiques, quand ls(1) ne descend pas une
arborescence (c'est-à-dire si l'option -R n'est pas
présente), la commande ls(1) suit les liens symboliques
fournis en argument si les options -H ou -L sont
indiquées, ou si les options -F, -d et -l ne
sont pas présentes. (La commande ls(1) est la seule dont les
options -H et -L modifient le comportement même
lorsqu'elle ne fait pas un parcours d'arborescence).
- *
- La commande file(1) est aussi une exception à
cette règle. Sauf mention contraire, la commande file(1) ne
suit pas les liens symboliques fournis en argument. La commande
file(1) ne suit les liens symboliques que si l'option -L est
mentionnée.
Les commandes parcourant une arborescence¶
Les commandes suivantes parcourent, toujours ou sur option, l'arborescence des
fichiers :
chgrp(1),
chmod(1),
chown(1),
cp(1),
du(1),
find(1),
ls(1),
pax(1),
rm(1) et
tar(1).
Il est important de remarquer que les règles ci-dessous s'appliquent tant
aux liens symboliques rencontrés durant un parcours d'arborescence qu'aux
liens fournis en argument de ligne de commande.
La
première règle s'applique aux liens qui
référencent des fichiers autres que des répertoires. Les
opérations entreprises sur ces liens sont appliquées sur les liens
eux-mêmes, ou alors les liens sont ignorés.
La commande
rm -r slink directory effacera
slink, ainsi que
tout lien symbolique rencontré durant le parcours de
directory,
car les liens symboliques peuvent être effacés. En aucun cas
rm(1) ne touchera au fichier référencé par
slink.
La
seconde règle s'applique aux liens symboliques qui pointent vers
des répertoires. Sauf mention contraire, ces liens ne sont jamais suivis.
On parle souvent d'un parcours « physique » par opposition
à un parcours « logique » (où les liens
symboliques vers des répertoires seraient suivis).
Certaines conventions sont (ou devraient être) respectées autant que
possible par les commandes parcourant des arborescences de fichiers :
- *
- Une commande peut être forcée à suivre
n'importe quel lien symbolique indiqué sur la ligne de commande, quel
que soit le type de fichier vers lequel il pointe, en utilisant l'option
-H (« half-logical »). Cette option permet
d'avoir une représentation des noms sur les lignes de commande
conforme à l'espace logique des noms. (Notez que pour les commandes
qui ne parcourent pas toujours l'arborescence, l'option -H sera
ignorée si l'option -R n'est pas également
présente.)
Par exemple, la commande chown -HR user slink parcourra la
hiérarchie débutant par le fichier pointé par slink.
Remarquez que l'option -H n'est pas la même que l'option
-h traitée précédemment. L'option -H permet
de suivre les liens symboliques indiqués sur la ligne de commande
aussi bien pour l'action à exécuter que pour le parcours de
l'arborescence ; tout se passe comme si l'utilisateur avait fourni le
nom du fichier référencé par le lien symbolique.
- *
- Une commande peut être forcée à suivre les
liens symboliques sur sa ligne de commande, ainsi que tous les liens
rencontrés durant le parcours, quel que soit le type des fichiers
qu'ils référencent, en utilisant l'option -L
(« logical »). Cette option permet de rendre l'espace
réel des noms semblable à l'espace logique. (Notez que les
commandes qui ne font pas systématiquement de parcours d'arborescence
ignoreront l'option -L si l'option -R n'est pas
présente).
Par exemple, la commande chown -LR user slink modifiera
l'appartenance du fichier référencé par slink. Si
slink pointe vers un répertoire, chown(1) descendra
l'arborescence à partir de ce répertoire. En outre, si des liens
symboliques sont rencontrés pendant le parcours de chown(1),
ils seront traités de la même façon que slink.
- *
- Une commande peut être forcée à employer le
comportement par défaut en utilisant l'option -P (pour
« physique »). Cet attribut permet de rendre l'espace
des noms semblable à l'espace physique.
Pour les commandes qui ne parcourent pas d'arborescence par défaut, les
options
-H,
-L et
-P sont ignorées si l'option
-R n'est pas présente. De plus, vous pouvez indiquer
-H,
-L et
-P plusieurs fois ; c'est la dernière option qui
déterminera le comportement de la commande. Ceci permet de créer des
alias sur des commandes afin d'avoir un comportement choisi, et de surcharger
ce comportement en ligne de commande.
Les commandes
ls(1) et
rm(1) présentent des exceptions pour
ces règles :
- *
- La commande rm(1) agit toujours sur le lien
symbolique, et jamais sur le fichier qu'il référence. Ainsi le
lien n'est jamais suivi. La commande rm(1) ne prend pas en charge
les options -H, -L ou -P.
- *
- Afin d'assurer une compatibilité avec systèmes
historiques, la commande ls(1) agit quelque peu différemment.
Si on ne précise pas d'option -F, -d ou -l,
alors ls(1) suivra les liens indiqués sur la ligne de
commande. Si l'option -L est mentionnée, ls(1) suivra
tous les liens symboliques, quels que soient leurs types, et qu'ils soient
fournis sur la ligne de commande ou rencontré en parcourant
l'arborescence.
VOIR AUSSI¶
chgrp(1),
chmod(1),
find(1),
ln(1),
ls(1),
mv(1),
rm(1),
lchown(2),
link(2),
lstat(2),
readlink(2),
rename(2),
symlink(2),
unlink(2),
utimensat(2),
lutimes(3),
path_resolution(7)
COLOPHON¶
Cette page fait partie de la publication 3.44 du projet
man-pages Linux.
Une description du projet et des instructions pour signaler des anomalies
peuvent être trouvées à l'adresse
<
http://www.kernel.org/doc/man-pages/>.
TRADUCTION¶
Depuis 2010, cette traduction est maintenue à l'aide de l'outil po4a
<
http://po4a.alioth.debian.org/> par l'équipe de traduction
francophone au sein du projet perkamon
<
http://perkamon.alioth.debian.org/>.
Alain Portal <
http://manpagesfr.free.fr/> (2008).
Veuillez signaler toute erreur de traduction en écrivant à
<debian-l10n-french@lists.debian.org> ou par un rapport de bogue sur le
paquet
manpages-fr.
Vous pouvez toujours avoir accès à la version anglaise de ce document
en utilisant la commande «
man -L C
<section> <page_de_man> ».