NOM¶
fakeroot - lance une commande dans un environnement simulant les privilèges
du superutilisateur pour la manipulation des fichiers.
SYNOPSIS¶
fakeroot [-l|--lib bibliothèque] [--faked
binaire desimulation] [-i
fichier-de-chargement ] [-s
fichier-de-sauvegarde] [-u|--unknown-is-real ]
[-b|--fd-base ] [-h|--help ] [-v|--version ] [--]
[commande]
DESCRIPTION¶
fakeroot lance une commande dans un environnement dans lequel cette
commande obtient les droits de l'administrateur pour manipuler des fichiers.
C'est pratique pour permettre aux utilisateurs de créer des archives
(tar, ar, .deb, etc.) qui contiennent des fichiers avec les privilèges et
appartenances du superutilisateur. Sans
fakeroot, il faudrait
posséder les droits du superutilisateur pour donner les droits et
appartenances convenables aux fichiers constituant l'archive, puis de les
assembler ; ou bien, il faudrait construire directement l'archive, sans
utiliser le programme d'archivage.
fakeroot fonctionne en remplaçant les fonctions de la
bibliothèque de manipulation des fichiers (chmod(2),
stat(2), etc.) par
d'autres qui simulent les résultats que la vraie bibliothèque aurait
donnés si l'utilisateur avait réellement été
superutilisateur. Ces fonctions simulées sont dans la bibliothèque
partagée
/usr/lib/libfakeroot.so* qui est chargée par le
mécanisme
LD_PRELOAD du chargeur dynamique (dynamic loader). (Voir
ld.so(8))
Si vous désirez construire des paquets avec
fakeroot, veuillez
essayer de construire d'abord le paquet fakeroot : l'étape
« debian/rules build » réalise quelques tests
(principalement pour les bogues des vieilles versions de fakeroot). Si ces
tests échouent (si vous avez par exemple certains programmes en libc5 sur
votre système), la construction d'autres paquets avec fakeroot
échouera certainement aussi, mais de façon parfois plus subtile.
De même, notez qu'il vaut mieux ne pas construire les binaires
eux-mêmes sous fakeroot. En particulier, configure et ses amis
n'apprécient pas quand le système se comporte différemment de
ce qu'ils attendent (parfois, ils modifient aléatoirement des variables
d'environnement dont fakeroot a besoin).
OPTIONS¶
- -l bibliothèque, --lib
bibliothèque
- Spécifie une autre bibliothèque de substitution
(wrapper library).
- --faked binaire
- Spécifie l'utilisation d'une autre bibliothèque
que faked.
- [--] commande
- La commande à lancer sous fakeroot. Utilisez
« -- » si des options de la commande risque
d'être confondues avec celles de fakeroot.
- -s fichier-de-sauvegarde
- Enregistre l'environnement de fakeroot dans
fichier-de-sauvegarde en quittant. Ce fichier pourra servir plus tard
à restaurer cette configuration grâce à l'option -i.
Toutefois, cette option échouera et fakeroot se comportera
bizarrement sauf si vous laissez les fichiers manipulés par fakeroot
intacts quand vous êtes en dehors de cet environnement. Malgré
cette restriction, cela peut être utile. Par exemple, cela peut
servir avec rsync(1) pour sauvegarder et restaurer toute une arborescence
de répertoires avec les informations de propriétaire, groupe et
périphérique sans avoir à être superutilisateur. Voir
/usr/share/doc/fakeroot/README.saving pour plus
d'informations.
- -i fichier-de-chargement
- Recharge à partir de fichier-de-chargement un
environnement fakeroot préalablement sauvegardé en utilisant
l'option -s. Notez que cela ne sauvegardera pas automatiquement la
configuration, vous devez repréciser -s dans ce but. L'utilisation du
même nom de fichier pour -i et -s dans une seule commande
fakeroot ne pose pas de problème.
- -u, --unknown-is-real
- Utilise le véritable propriétaire des fichiers
auparavant inconnus de fakeroot, plutôt que de considérer qu'ils
appartiennent à root:root.
- -b fd
- Définit la valeur de base du descripteur de fichier
(en mode TCP uniquement). Fd sera la plus petite valeur du descripteur de
fichier utilisé pour les connexions TCP. Ce réglage peut
être très pratique pour gérer les descripteurs de fichiers
utilisés par les programmes qui fonctionnent sous fakeroot.
- -h
- Affiche l'aide.
- -v
- Affiche la version.
EXEMPLES¶
Voici un exemple d'utilisation de
fakeroot. Notez bien qu'à
l'intérieur de l'environnement fakeroot, les manipulations de fichiers
qui requièrent les privilèges du superutilisateur ont lieu, mais
uniquement virtuellement.
$ whoami
joost
$ fakeroot /bin/bash
# whoami
root
# mknod hda3 b 3 1
# ls -ld hda3
brw-r--r-- 1 root root 3, 1 Jul 2 22:58 hda3
# chown joost:root hda3
# ls -ld hda3
brw-r--r-- 1 joost root 3, 1 Jul 2 22:58 hda3
# ls -ld /
drwxr-xr-x 20 root root 1024 Jun 17 21:50 /
# chown joost:users /
# chmod a+w /
# ls -ld /
drwxrwxrwx 20 joost users 1024 Jun 17 21:50 /
# exit
$ ls -ld /
drwxr-xr-x 20 root root 1024 Jun 17 21:50 //
$ ls -ld hda3
-rw-r--r-- 1 joost users 0 Jul 2 22:58 hda3
Seule l'opération que l'utilisateur
joost pouvait réaliser a
réellement aboutie.
fakeroot a été écrit spécifiquement pour permettre
aux utilisateurs de créer des paquets pour Debian GNU/Linux (au format
deb(5)) sans avoir à leur donner les privilèges du
superutilisateur. Ceci peut être fait par des commandes telles que
dpkg-buildpackage -rfakeroot ou
debuild -rfakeroot
(-rfakeroot est actuellement utilisé par défaut par debuild, donc
vous n'avez pas besoin de cet argument).
ASPECTS DE SÉCURITɶ
fakeroot est un programme normal, sans privilèges spéciaux. Il
n'augmente pas les privilèges de l'utilisateur et n'altère pas la
sécurité du système.
FICHIERS¶
/usr/lib/libfakeroot/libfakeroot.so* La bibliothèque partagée
qui contient les fonctions simulées.
ENVIRONNEMENT¶
- FAKEROOTKEY
- La clé utilisée pour communiquer avec le
démon fakeroot. Tout programme qui démarre avec le bon
LD_PRELOAD et une FAKEROOTKEY d'un serveur actif se
connectera automatiquement à ce démon, et aura la même
« fausse » vision des droits du système de
fichiers (si le serveur et le programme connecté ont bien
été lancés par le même utilisateur).
- LD_LIBRARY_PATH
- LD_PRELOAD
- Fakeroot a été conçu en encapsulant les
appels systèmes. On y arrive en définissant
LD_LIBRARY_PATH=/usr/lib/fakeroot et LD_PRELOAD=libfakeroot.so.0. Cette
bibliothèque est chargée avant la bibliothèque C du
système, d'où l'interception de la plupart des fonctions de la
bibliothèque. Si vous devez définir d'autres
LD_LIBRARY_PATH ou LD_PRELOAD au sein d'un environnement
fakeroot, cela devrait être fait en respectant l'ordre de placement,
par exemple comme dans
LD_LIBRARY_PATH=$LD_LIBRARY_PATH:/toto/titi/.
LIMITES¶
- Versions des bibliothèques
- Toute commande exécutée sous fakeroot
devra être liée à la même version de la
bibliothèque C que fakeroot lui-même.
- open()/create()
- fakeroot n'encapsule pas open(), create(), etc. Donc si
l'utilisateur joost tape soit
touch foo
fakeroot
ls -al foo
soit
fakeroot
touch foo
ls -al foo
fakeroot n'aura aucun moyen de savoir que dans le premier cas, le
propriétaire de foo est réellement joost tandis que dans
le second cas, il aurait dû être root. Pour un paquet
Debian, il est toujours correct de donner à tous les fichiers
« inconnus » l'uid=gid=0. La vraie solution est de
simuler open() et create(), mais cela soulève d'autres
problèmes, comme démontré par le paquet libtricks. Ce
paquet simule beaucoup d'autres fonctions, et tente d'aller plus loin que
fakeroot . On peut s'apercevoir qu'une mise à jour minime de
la libc (d'une version dans laquelle la fonction stat() n'utilise
pas open() à une nouvelle version dans laquelle la fonction
stat() utilise (dans certains cas) open()), causera
d'inexplicables erreurs de segmentation (ainsi, le stat() de la
libc6 appellera la fonction simulée open(), qui à son
tour appellera la fonction stat() de la libc6, etc.). La correction
n'a pas été facile, mais une fois corrigé, ce n'était
plus qu'une question de temps avant qu'une autre fonction ne se mette
à utiliser open(). Quant au portage sur un autre système
d'exploitation, il n'a pas été envisagé. Il a donc
été décidé de limiter au maximum le nombre de
fonctions simulées par fakeroot, afin de limiter
l'éventualité de ces « collisions ».
- GNU configure (et autres programmes du même
genre)
- En pratique, fakeroot modifie le comportement du
système. Les programmes qui testent le système (tel que
configure du GNU) peuvent être troublés par cela (ou, s'ils ne
le sont pas, ils risquent de solliciter fakeroot à un point tel que
celui-ci risque lui-même de s'y perdre). Il est donc
préférable de ne pas lancer « configure »
dans un environnement fakeroot. Comme configure doit être lancé
par la cible build de debian/rules, l'utilisation de
« dpkg-buildpackage -rfakeroot » gère
correctement ce problème.
BOGUES¶
open() n'est pas simulé. Ce n'est pas si grave que cela, mais si un
programme invoque open("file", O_WRONLY, 000), écrit dans ce
fichier « file », le ferme, puis réessaye ensuite de
l'ouvrir en lecture, alors cette tentative échouera, car les droits du
fichier seront 000. Le bogue, c'est que si root fait cette opération,
alors open() fonctionne, puisque les droits des fichiers ne sont pas du tout
vérifiés pour root. Il a été choisi de ne pas simuler
open(), car open() est utilisé par nombre d'autres fonctions de la libc
(dont certaines qui sont déjà simulées par fakeroot), ce qui
créerait des boucles (ou pourrait en créer quand
l'implémentation des diverses fonctions de la libc change).
COPIES¶
fakeroot est distribué sous la licence GNU General Public License.
(GPL 2.0 ou supérieure).
AUTEURS¶
- Joost Witteveen
- <joostje@debian.org>
- Clint Adams
- <clint@debian.org>
- Timo Savola
TRADUCTION¶
Sylvain Cherrier <sylvain.cherrier@free.fr>.
PAGE DE MANUEL¶
En majeure partie écrite par J.H.M. Dassen <jdassen@debian.org>: La
plupart des ajouts et des modifications par Joost et Clint.
VOIR AUSSI¶
faked(1)
dpkg-buildpackage(1),
debuild(1)
/usr/share/doc/fakeroot/DEBUG