NOM¶
capabilities - Présentation des capacités Linux
DESCRIPTION¶
Pour vérifier les permissions, les implémentations UNIX
traditionnelles distinguent deux catégories de processus : les
processus
privilégiés (dont l'UID effectif est 0,
appelé superutilisateur ou root), et les processus
non
privilégiés (dont l'UID effectif est non-nul). Les processus
privilégiés contournent les vérifications de permissions
du noyau, alors que les processus non-privilégiés sont soumis
à une vérification complète basée sur
l'identification du processus (habituellement : UID effectif, GID
effectif, et liste des groupes).
À partir du noyau 2.2, Linux propose un mécanisme (encore
incomplet) de
capacités, qui scinde les privilèges
traditionnellement associés au superutilisateur en unités
distinctes que l'on peut activer ou inhiber individuellement. Les
capacités sont des attributs individuels à chaque thread.
Liste des capacités¶
La liste suivante indique les capacités implémentées sous
Linux et les opérations ou comportements que chaque capacité
permet :
- CAP_AUDIT_CONTROL (depuis Linux 2.6.11)
- Activer et désactiver l'audit du noyau ; changer les
règles de filtrage d'audit ; accéder à
l'état de l'audit, et aux règles de filtrage.
- CAP_AUDIT_WRITE (depuis Linux 2.6.11)
- Écrire des enregistrements dans le journal d'audit du noyau.
- CAP_BLOCK_SUSPEND (depuis Linux 3.5)
- Utiliser des fonctionnalités qui peuvent bloquer la mise en veille
du système ( epoll(7) EPOLLWAKEUP,
/proc/sys/wake_lock).
- CAP_CHOWN
- Effectuer toute modification des UID et GID de fichiers (consultez
chown(2)).
- CAP_DAC_OVERRIDE
- Contourne les permissions de lecture, écriture et exécution.
(DAC est l'abréviation de « discretionary access
control », contrôle d'accès à
volonté).
- CAP_DAC_READ_SEARCH
- *
- Contourne les permissions de lecture de fichiers et celles de lecture et
exécution des répertoires ;
- *
- Invoque open_by_handle_at(2).
- CAP_FOWNER
- *
- Contourne les vérifications pour les opérations qui
demandent que le FS-UID du processus corresponde à l'UID du fichier
(par exemple chmod(2), utime(2)), à l'exclusion des
opérations couvertes par CAP_DAC_OVERRIDE et
CAP_DAC_READ_SEARCH ;
- *
- positionner les attributs de fichier étendus (consultez
chattr(1)) pour n'importe quel fichier ;
- *
- positionner les listes de contrôle d'accès ACL
(« Access Control Lists ») pour n'importe quel
fichier ;
- *
- ignorer le bit sticky des répertoires pour les suppressions de
fichier ;
- *
- spécifier O_NOATIME dans open(2) et fcntl(2)
pour n'importe quel fichier.
- CAP_FSETID
- Ne pas effacer les bits de permission Set-UID et Set-GID quand un fichier
est modifié ; positionner le bit Set-GID sur un fichier dont
le GID ne correspond à aucun GID du processus appelant.
- CAP_IPC_LOCK
- Verrouiller des pages mémoire (mlock(2), mlockall(2),
mmap(2), shmctl(2)).
- CAP_IPC_OWNER
- Contourne les vérifications pour les opérations sur les IPC
System V.
- CAP_KILL
- Contourne les vérifications pour l'émission de signaux
(consultez kill(2)). Cela inclut l'utilisation de l'ioctl(2)
KDSIGACCEPT.
- CAP_LEASE (depuis Linux 2.4)
- Demander des baux sur n'importe quel fichier (consultez
fcntl(2)).
- CAP_LINUX_IMMUTABLE
- Positionner les attributs d'inœuds FS_APPEND_FL et
FS_IMMUTABLE_FL (consultez chattr(1)).
- CAP_MAC_ADMIN (depuis Linux 2.6.25)
- Surcharger les contrôles d'accès MAC
(« Mandatory Access Control »).
Implémentée pour le module de sécurité
(LSM : « Linux Security Module »)
Smack.
- CAP_MAC_OVERRIDE (depuis Linux 2.6.25)
- Permettre les modifications de la configuration ou des états MAC.
Implémentée pour le LSM Smack.
- CAP_MKNOD (depuis Linux 2.4)
- Créer des fichiers spéciaux avec mknod(2).
- CAP_NET_ADMIN
- Effectuer diverses opérations liées au
réseau :
- *
- configuration des interfaces ;
- *
- administration du pare-feu, de la traduction d'adresse IP
(« masquerading ») et collection de
données sur le trafic réseau
(« accounting ») ;
- *
- modification des tables de routages ;
- *
- attachement à n'importe quelle adresse pour un service mandataire
transparent ;
- *
- sélection du type de service
(« TOS ») ;
- *
- effacement des statistiques du pilote ;
- *
- sélection du mode
« promiscuité » ;
- *
- activation de la diffusion multipoint
(« multicast ») ;
- *
- utiliser setsockopt(2) pour définir les options de sockets
suivantes : SO_DEBUG, SO_MARK, SO_PRIORITY
(pour une priorité en dehors des valeurs de 0 à 6),
SO_RCVBUFFORCE et SO_SNDBUFFORCE.
- CAP_NET_BIND_SERVICE
- Attacher une socket sur un port privilégié (numéro de
port inférieur à 1024).
- CAP_NET_BROADCAST
- (Inutilisé) Broadcaster et écouter en multicast avec des
sockets.
- CAP_NET_RAW
- *
- utiliser des sockets RAW et PACKET ;
- *
- attacher à n'importe quelle adresse pour un service mandataire
transparent.
- CAP_SETGID
- Effectuer toute manipulation des GID du processus et de la liste de
groupes supplémentaires, utiliser de faux GID sur les socket
UNIX.
- CAP_SETFCAP (depuis Linux 2.6.24)
- Définir des capacités de fichier
- CAP_SETPCAP
- Si les capacités de fichier sont prises en charge :
autoriser ou interdire toute capacité dans l'ensemble des
capacités permises à l'appelant vers ou depuis tout autre
processus. (Cette propriété de CAP_SETPCAP n'est pas
disponible quand le noyau est configuré pour prendre en charge les
capacité de fichiers, puisque CAP_SETPCAP a une toute autre
sémantique pour ces noyaux)
Si les capacités de fichier sont prises en charge : ajouter
toute capacité de l'ensemble de limitation de capacités du
thread appelant à son ensemble hérité ;
supprimer les capacités de l'ensemble de limitation de
capacités (avec prctl(2) PR_CAPBSET_DROP) ;
modifier l'attribut securebits.
- CAP_SETUID
- Effectuer toute manipulation des UID de processus (setuid(2),
setreuid(2), setresuid(2), setfsuid(2)) ;
transmettre un faux UID sur une socket dans le domaine UNIX.
- CAP_SYS_ADMIN
- *
- Effectuer certaines opérations d'administration comme :
quotactl(2), mount(2), umount(2), swapon(2),
swapoff(2), sethostname(2) et
setdomainname(2) ;
- *
- effectuer des opérations syslog(2) nécessitant des
droits (depuis Linux 2.6.37, CAP_SYSLOG doit être
utilisée pour permettre de telles opérations) ;
- *
- effectuer une commande VM86_REQUEST_IRQ
vm86(2) ;
- *
- effectuer des opérations IPC_SET et IPC_RMID sur
n'importe quel objet IPC System V ;
- *
- effectuer des opérations sur les attributs étendus
trusted et security (consultez attr(5)) ;
- *
- utiliser lookup_dcookie(2) ;
- *
- utiliser ioprio_set(2) pour configurer une classe d'ordonnancement
IOPRIO_CLASS_RT (avant Linux 2.6.25) et
IOPRIO_CLASS_IDLE ;
- *
- forger des identifiants d'utilisateur lors du passage de
références de sockets ;
- *
- dépasser /proc/sys/fs/file-max, la limite système du
nombre de fichiers ouverts, dans les appels système qui ouvrent des
fichiers (c'est-à-dire accept(2), execve(2),
open(2) et pipe(2)) ;
- *
- utiliser les attributs CLONE_* qui créent de nouveaux
espaces de nom avec clone(2) et unshare(2) ;
- *
- appeler perf_event_open(2) ;
- *
- accéder aux informations d'événements perf
nécessitant des droits ;
- *
- appeler setns(2) ;
- *
- appeler fanotify_init(2) ;
- *
- effectuer des opérations keyctl(2) KEYCTL_CHOWN et
KEYCTL_SETPERM ;
- *
- effectuer une opération madvise(2)
MADV_HWPOISON ;
- *
- utiliser la commande TIOCSTI de ioctl(2) pour insérer
des caractère dans la file d'entrée d'un terminal autre que
le terminal de contrôle de l'appelant ;
- *
- utiliser l'appel système obsolète
nfsservctl(2) ;
- *
- utiliser l'appel système obsolète
bdflush(2) ;
- *
- effectuer diverses opérations ioctl(2) sur des
périphériques bloc nécessitant des
droits ;
- *
- effectuer diverses opérations ioctl(2) sur des
systèmes de fichiers nécessitant des droits ;
- *
- effectuer des opérations d'administration sur de nombreux pilotes
de périphériques.
- CAP_SYS_BOOT
- Utiliser reboot(2) et kexec_load(2).
- CAP_SYS_CHROOT
- Utiliser chroot(2).
- CAP_SYS_MODULE
- Charger ou décharger des modules noyaux (consultez
init_module(2) et delete_module(2)) ; dans les noyaux
antérieurs à 2.6.25 : enlever des capacités de
l'ensemble système de limitation de capacités.
- CAP_SYS_NICE
- *
- Augmenter la valeur de courtoisie (« nice »)
(nice(2), setpriority(2)) et changer la courtoisie de
n'importe quel processus ;
- *
- utiliser des ordonnancements temps-réel pour le processus appelant,
et la modification de l'ordonnancement de n'importe quel processus (
sched_setscheduler(2), sched_setparam(2)) ;
- *
- définir l'affinité CPU pour n'importe quel processus (
sched_setaffinity(2)) ;
- *
- définir la classe et la priorité d'ordonnancement
d'entrées/sorties pour n'importe quel processus (
ioprio_set(2)) ;
- *
- appliquer migrate_pages(2) à n'importe quel processus et
migrer un processus vers n'importe quel nœud ;
- *
- appliquer move_pages(2) pour n'importe quel processus ;
- *
- utiliser l'attribut MPOL_MF_MOVE_ALL avec mbind(2) et
move_pages(2).
- CAP_SYS_PACCT
- Utiliser acct(2).
- CAP_SYS_PTRACE
- Suivre n'importe quel processus avec ptrace(2) ; appliquer
get_robust_list(2) à n'importe quel processus ;
examiner les processus avec kcmp(2).
- CAP_SYS_RAWIO
- *
- Effectuer des opérations d'entrées-sorties (iopl(2)
et ioperm(2)) ;
- *
- accéder à /proc/kcore ;
- *
- utiliser l'opération FIBMAP de ioctl(2) ;
- *
- ouvrir les périphériques pour accéder aux registres
spécifiques au modèle (MSR, consultez msr(4)) d'un
processeur x86 ;
- *
- mettre à jour /proc/sys/vm/mmap_min_addr ;
- *
- créer des projections en mémoire aux adresses
inférieures à la valeur indiquée par
/proc/sys/vm/mmap_min_addr ;
- *
- projeter les fichiers dans /proc/bus/pci ;
- *
- ouvrir /dev/mem et /dev/kmem ;
- *
- effectuer diverses commandes de périphérique
SCSI ;
- *
- effectuer certaines opérations sur les périphériques
hpsa(4) et cciss(4) ;
- *
- effectuer certaines opérations spécifiques à d'autres
types de périphériques.
- CAP_SYS_RESOURCE
- *
- Utiliser de l'espace réservé sur des systèmes de
fichiers ext2 ;
- *
- effectuer des appels ioctl(2) pour contrôler la
journalisation ext3 ;
- *
- ne pas tenir compte des limites définies par les quota
disque ;
- *
- augmenter les limites de ressources (consultez
setrlimit(2)) ;
- *
- ne pas tenir compte de la limite de ressource
RLIMIT_NPROC ;
- *
- ne pas tenir compte du nombre maximal de consoles sur l'allocation de
console ;
- *
- ne pas tenir compte du nombre maximal de dispositions de
clavier ;
- *
- permettre des interruptions à plus de 64 Hz depuis l'horloge
temps réel ;
- *
- augmenter la limite msg_qbytes pour la file de messages
System V au dessus de la limite /proc/sys/kernel/msgmnb
(consultez msgop(2) et msgctl(2)) ;
- *
- ne pas tenir compte la limite /proc/sys/fs/pipe-size-max lors du
réglage de la capacité d'un tube avec la commande
fcntl(2) avec l'argument F_SETPIPE_SZ ;
- *
- utiliser F_SETPIPE_SZ pour augmenter la capacité d'un tube
au-dessus de la limite spécifiée par
/proc/sys/fs/pipe-max-size ;
- *
- ne pas tenir compte de la limite /proc/sys/fs/mqueue/queues_max
lors de la création de files de messages POSIX (consultez
mq_overview(7)) ;
- *
- utiliser l'opération PR_SET_MM de
prctl(2) ;
- *
- affecter à /proc/PID/oom_score_adj une valeur
inférieure à la dernière valeur affectée par
un processus avec CAP_SYS_RESOURCE.
- CAP_SYS_TIME
- Modifier l'heure système (settimeofday(2), stime(2),
adjtimex(2)) ; modifier l'horloge temps réel
(matérielle).
- CAP_SYS_TTY_CONFIG
- Utiliser vhangup(2) ; employer diverses opérations
ioctl(2) nécessitant des droits sur des terminaux
virtuels.
- CAP_SYSLOG (depuis Linux 2.6.37)
- *
- Effectuer des opérations syslog(2) nécessitant des
droits. Consultez syslog(2) pour savoir quelles opérations
nécessitent des droits.
- *
- Inspecter les adresses du noyau exposées par /proc et
d'autres interfaces lorsque /proc/sys/kernel/kptr_restrict a la
valeur 1. (Voir la discussion sur kptr_restrict dans
proc(5).)
- CAP_WAKE_ALARM (depuis Linux 3.0)
- Déclencher quelque chose qui réveillera le système
(réglage des alarmes CLOCK_REALTIME_ALARM et
CLOCK_BOOTTIME_ALARM).
Implémentations passées et actuelles¶
Une implémentation complète des capacités nécessite
que :
- 1.
- Pour toutes les opérations privilégiées, le noyau
doit vérifier si le thread a la capacité requise dans son
ensemble effectif ;
- 2.
- Le noyau doit fournir des appels système permettant de changer et
récupérer les ensembles de capacités d'un
thread.
- 3.
- Le système de fichiers doit permettre d'attacher des
capacités aux fichiers exécutables, pour qu'un processus en
dispose quand le fichier est exécuté.
Sous Linux 2.6.14, seules les deux premières clauses sont
remplies.Avant le noyau 2.6.24, seules les deux premières
exigences sont remplies ; depuis le noyau 2.6.24, ces trois
exigences sont remplies.
Ensembles de capacités des threads¶
Chaque thread a trois ensembles contenant zéro ou plus des
capacités ci-dessus :
- Permises :
- Il s'agit d'un surensemble limitant les capacités effectives que le
thread peut prendre. Il limite également les capacités qui
peuvent être ajoutées à l'ensemble héritable
par un thread qui n'a pas la capacité CAP_SETPCAP dans son
ensemble effectif.
Si un processus supprime une capacité de son ensemble de
capacités permises, il ne peut plus jamais la
récupérer (sauf s'il appelle execve(2) sur un
programme Set-UID root ou un programme dont les capacités
associées au fichier permettent cette capacité).
- Héritable :
- Il s'agit d'un ensemble de capacités préservées au
travers d'un execve(2). Il fournit à un processus un
mécanisme pour assigner des capacités à l'ensemble
des capacités permises du nouveau programme lors d'un
execve(2).
- Effectif :
- Il s'agit de l'ensemble des capacités utilisées par le noyau
pour vérifier les permissions du thread.
Un fils créé par
fork(2) hérite d'une copie des
ensembles de capacité de son père. Le traitement des
capacités lors d'un
execve(2) est décrit plus bas.
En utilisant
capset(2), un thread peut manipuler ses propres ensembles de
capacités (voir ci-dessous).
À partir de Linux 3.2, le fichier
/proc/sys/kernel/cap_last_cap contient la valeur numérique de la
capacité la plus élevée qui soit acceptée par le
noyau en cours d'exécution ; cette valeur peut être
utilisée pour déterminer le bit le plus élevé qui
puisse être défini dans un ensemble de capacités.
Capacités de fichier¶
Depuis le noyau 2.6.24, le noyau prend en charge l'association
d'ensembles de capacités avec un fichier exécutable à
l'aide de
setcap(8). Les ensembles de capacités du fichier sont
stockés dans un attribut étendu (consultez
setxattr(2))
appelé
security.capability. Écrire dans cet attribut
étendu nécessite la capacité
CAP_SETFCAP. Les
ensembles de capacités d'un fichier, combinés avec les ensembles
de capacités du thread déterminent les capacités d'un
thread après un
execve(2).
Les trois ensembles de capacités de fichier sont :
- Permises (anciennement forcées) :
- Ces capacités sont automatiquement permises au thread, quelles que
soient ses capacités héritables.
- Héritables (anciennement
autorisées) :
- Cet ensemble est combiné par un ET avec l'ensemble héritable
du thread pour savoir quelles capacités de l'ensemble des
capacités permises sont permises pour le thread après
l'appel à execve(2).
- Effectif :
- Il ne s'agit pas d'un ensemble, mais plutôt d'un unique bit. Si le
bit est positionné, alors, lors d'un execve(2), toutes les
nouvelles capacités permises pour le thread sont également
positionnées dans l'ensemble effectif. Si ce bit n'est pas
positionné, alors, après un execve(2), aucune des
nouvelles capacités permises ne se trouvera dans le nouvel ensemble
effectif.
Activer le bit des capacités effectives d'un fichier implique que
toute capacité de fichier permise ou héritable qui permet
à un thread d'obtenir les capacité permises correspondantes
lors d'un execve(2) (consultez les règles de transformation
décrites ci-dessous) fournira également cette
capacité dans l'ensemble de capacités effectives du thread.
Ainsi, lors de l'ajout de capacités à un fichier (
setcap(8), cap_set_file(3), cap_set_fd(3)), si le bit
effectif pour une des capacités est activé, alors le bit
effectif doit également être activé pour toutes les
capacités dont le bit permis ou héritable correspondant est
activé.
Durant un
execve(2), le noyau calcule les nouvelles capacités du
processus en utilisant l'algorithme suivant :
P'(permises) = (P(héritables) & F(héritables) |
(F(permises) & cap_bset)
P'(effectives) = F(effectives) ? P'(permises) : 0
P'(héritables) = P(héritables) [inchangé]
où :
- P
- indique la valeur d'un ensemble de capacités du thread avant le
execve(2)
- P'
- indique la valeur d'un ensemble de capacités après le
execve(2)
- F
- indique la valeur d'un ensemble de capacités du fichier
- cap_bset
- est la valeur de la limitation de capacités (décrit
ci-dessous).
Capacités et exécution de programmes par root¶
Pour fournir un
root tout puissant en utilisant les ensembles de
capacités, lors d'un
execve(2) :
- 1.
- Si on exécute un programme Set-UID root, ou si l'UID réel
est nul, alors les ensembles des capacités héritables et
permises du fichier sont remplis de uns (toutes les capacités
activées).
- 2.
- Si un programme Set-UID root est exécuté, alors le bit des
capacités effectives du fichier est défini à 1
(activé).
L'effet des règles ci-dessus combinées avec les transformations de
capacités ci-dessus, est que lorsqu'un processus lance (avec
execve(2)) un programme Set-UID root, ou lorsqu'un processus d'UID
effectif nul exécute un programme, il obtient toutes les
capacités dans ses ensembles de capacités permises et
effectives, sauf celles qui sont interdites par la limitation de
capacités. Ceci fournit une sémantique identique à celle
fournie par les systèmes UNIX traditionnels.
Limitation des capacités¶
La limitation des capacités (« capability bounding
set ») est un mécanisme de sécurité qui
peut être utilisé pour limiter les capacités qui peuvent
être obtenues lors d'un
execve(2). La limitation de
capacités est utilisée de cette façon :
- *
- Lors d'un execve(2), la limitation de capacités (un ensemble
de capacités) est combinée avec un ET binaire avec
l'ensemble des capacités autorisées du fichier, et le
résultat de cette opération est placé dans l'ensemble
des capacités autorisées du thread. La limitation de
capacités permet donc de limiter les capacités permises qui
peuvent être accordées à un fichier
exécutable.
- *
- (Depuis Linux 2.6.25) La limitation de capacités agit comme
un surensemble limitant les capacités qu'un thread peut ajouter
à son ensemble de capacités héritables en utilisant
capset(2). Ceci signifie que si une capacité ne se trouve
pas dans l'ensemble de limitation des capacités, alors un thread ne
peut ajouter cette capacité dans son ensemble de capacités
héritables, même si elle se trouvait dans son ensemble de
capacités permises, et ne peut donc pas conserver cette
capacité dans son ensemble de capacités permises lorsqu'il
exécute avec execve(2) un fichier qui a cette
capacité dans son ensemble de capacités
héritables.
Notez que la limitation de capacités masque les capacités permises
du fichier, mais pas les capacités héritées. Si un thread
conserve une capacité dans son ensemble de capacités
héritées et que cette capacité ne se trouve pas dans
l'ensemble de limitation des capacités, alors il peut toujours obtenir
cette capacité dans son ensemble de capacités permises en
exécutant un fichier qui a la capacité dans son ensemble de
capacités héritées.
Suivant la version du noyau, la limitation de capacités est un attribut
au niveau du système ou un attribut par processus.
Limitation de capacités avant Linux 2.6.25
Dans les noyaux antérieurs à 2.6.25, la limitation de
capacités est un attribut au niveau du système qui affecte tous
les threads. La limitation de capacités est accessible par le fichier
/proc/sys/kernel/cap-bound. (Le masque de bits est exprimé comme
un nombre décimal signé dans
/proc/sys/kernel/cap-bound,
ce qui entretient les confusions).
Seul le processus
init peut configurer des capacités dans
l'ensemble de limitation de capacités ; sinon, le
superutilisateur (plus précisément : les programmes avec
la capacité
CAP_SYS_MODULE) peut uniquement supprimer des
capacités de cet ensemble.
Sur un système standard, la limitation élimine toujours la
capacité
CAP_SETPCAP. Pour supprimer cette restriction
(attention, c'est dangereux !), modifiez la définition de
CAP_INIT_EFF_SET dans
include/linux/capability.h et recompilez
le noyau.
La limitation de capacités système a été
ajoutée à Linux à partir du noyau 2.2.11.
Limitation de capacités après Linux 2.6.25
Depuis Linux 2.6.25, la
limitation de capacités est un
attribut par thread (il n'y a plus désormais de limitation de
capacités au niveau du système).
La limitation est héritée du parent du thread au travers d'un
fork(2) et est préservé au travers d'un
execve(2).
Un thread peut enlever des capacités de son ensemble de limitation de
capacités en utilisant l'opération
PR_CAPBSET_DROP de
prctl(2), à condition qu'il possède la capacité
CAP_SETPCAP. Une fois qu'une capacité a été
supprimée de l'ensemble de limitation, elle ne peut être y
être remise. Un thread peut déterminer si une capacité
est dans son ensemble de limitation de capacités en utilisant
l'opération
PR_CAPBSET_READ de
prctl(2).
La suppression de capacités dans l'ensemble de limitation des
capacités n'est prise en charge que si les capacités de fichiers
sont compilés dans le noyau. Dans les noyaux antérieurs à
Linux 2.6.33, les capacités de fichiers étaient une
fonctionnalité optionnelle configurable via l'option
CONFIG_SECURITY_FILE_CAPABILITIES. Depuis Linux 2.6.33, l'option de
configuration a été supprimée et les capacités de
fichiers font maintenant toujours partie du noyau. Quand les capacités
de fichiers sont compilées dans le noyau, le processus
init
(l'ancêtre de tous les processus) démarre avec ensemble de
limitation complet. Si les capacités de fichiers ne sont pas
compilées dans le noyau,
init démarre alors avec un
ensemble de limitation complet, à l'exception de
CAP_SETPCAP,
parce que cette capacité a une autre signification quand il n'y a pas
de capacités de fichiers.
Supprimer une capacité de la limitation de capacités ne la
supprime pas de l'ensemble hérité d'un thread. Cependant il
empêche de rajouter la capacité dans l'ensemble
hérité du thread par la suite.
Effet des modifications d'UID sur les capacités¶
Afin de préserver la sémantique traditionnelle pour les
transitions entre des UID nul et non nul, le noyau modifie les ensembles de
capacités d'un thread de la façon suivante lors de modifications
des UID réel, effectif, sauvé et du système de fichiers
(avec
setuid(2),
setresuid(2) et compagnie) :
- 1.
- Si l'UID réel, effectif ou sauvé était égal
à 0, et qu'à la suite de la modification ils sont tous non
nuls, toutes les capacités sont supprimés des ensembles de
capacités permises et effectives.
- 2.
- Si l'UID effectif était nul et devient non nul, toutes les
capacités sont supprimées de l'ensemble effectif.
- 3.
- Si l'UID effectif est modifié d'une valeur non nulle à 0,
l'ensemble des capacités permises est copié dans l'ensemble
des capacités effectives.
- 4.
- Si le fsuid est modifié de 0 à une valeur non nulle
(consultez setfsuid(2)), les capacités suivantes sont
supprimées de l'ensemble effectif : CAP_CHOWN,
CAP_DAC_OVERRIDE, CAP_DAC_READ_SEARCH, CAP_FOWNER,
CAP_FSETID, CAP_LINUX_IMMUTABLE (depuis
Linux 2.6.30), CAP_MAC_OVERRIDE et CAP_MKNOD (depuis
Linux 2.6.30). Si le fsuid devient nul, chacune de ces
capacités est activée dans l'ensemble des capacités
effectives si elle faisait partie de l'ensemble des capacités
permises.
Si un thread dont l'un des UID vaut 0 ne veut pas que son ensemble de
capacités permises soit vidé lorsqu'il redéfinit tous ses
UID à des valeurs non nulles, il peut le faire avec l'opération
PR_SET_KEEPCAPS de l'appel système
prctl(2).
Ajuster les ensembles de capacités par programmation¶
Un thread peut obtenir ou modifier ses ensembles de capacités en
utilisant les appels système
capget(2) et
capset(2).
Cependant, il faut leur préférer l'utilisation de
cap_get_proc(3) et
cap_set_proc(3), toutes deux fournies par le
paquet
libcap. Les règles suivantes gouvernent les modifications
des ensembles de capacités d'un thread :
- 1.
- Si l'appelant n'a pas la capacité CAP_SETPCAP, le nouvel
ensemble des capacités héritables doit être un
sous-ensemble de l'union des ensembles de capacités
héritables et des capacités permises.
- 2.
- (Depuis Linux 2.6.25) Le nouvel ensemble héritable doit
être un sous-ensemble de l'ensemble héritable existant et de
l'ensemble de limitation de capacités.
- 3.
- Le nouvel ensemble des capacités permises doit être un
sous-ensemble de l'ensemble des capacités permises existant
(c'est-à-dire qu'il n'est pas possible d'obtenir des
capacités permises que le thread n'a pas actuellement).
- 4.
- Le nouvel ensemble effectif doit être un sous-ensemble du nouvel
ensemble des capacités permises.
Les attributs « securebits » : configuration d'un environnement restreint aux capacités de fichiers.¶
À partir du noyau 2.6.26, si les capacités de fichiers sont
activées, Linux implémente un ensemble d'attributs
securebits par thread qui peuvent être utilisés pour
désactiver la gestion particulière des capacités pour
l'UID 0 (
root). Ces attributs sont les suivants :
- SECBIT_KEEP_CAPS
- Activer cet attribut permet à un thread qui a un UID (ou plus)
égal à 0 de conserver ses capacités quand il change
ses UID et que plus aucun n'est nul. Si cet attribut est
désactivé, alors ces changements d'UID feront perdre au
thread toutes ses capacités. Cet attribut est toujours
désactivé lors d'un execve(2). Cet attribut fournit
la même fonctionnalité que l'ancienne opération
PR_SET_KEEPCAPS de prctl(2)).
- SECBIT_NO_SETUID_FIXUP
- Activer cet attribut stoppe l'ajustement des ensembles de capacités
par le noyau lorsque les UID effectifs et d'accès aux fichiers du
thread passent d'une valeur nulle à une valeur non nulle.
(Consultez la sous-section Effet des modifications d'UID sur les
capacités.)
- SECBIT_NOROOT
- Si cet attribut est activé, alors le noyau n'autorise pas les
capacités lorsqu'un programme Set-UID root est
exécuté ou lorsqu'un processus dont l'identifiant effectif
ou réel est nul appelle execve(2). (Consultez la
sous-section Capacités et exécution de programmes par
root.)
Chacun des attributs de base ci-dessus a un attribut compagnon de verrouillage.
L'activation d'un attribut de verrouillage est irréversible et permet
d'éviter toute modification ultérieure de l'attribut de base.
Les attributs de verrouillage sont :
SECBIT_KEEP_CAPS_LOCKED,
SECBIT_NO_SETUID_FIXUP_LOCKED et
SECBIT_NOROOT_LOCKED.
Les attributs
securebits peuvent être modifiés et
récupérés en utilisant les opérations
PR_SET_SECUREBITS et
PR_GET_SECUREBITS de
prctl(2). La
capacité
CAP_SETPCAP est nécessaire pour modifier ces
attributs.
Les attributs
securebits sont hérités par les processus
fils. Lors d'un
execve(2), tous les attributs sont conservés,
à l'exception de
SECBIT_KEEP_CAPS qui est toujours
désactivé.
Une application peut utiliser l'appel suivant pour se verrouiller
elle-même, ainsi que tous ses descendant, dans un environnement
où la seule façon d'obtenir des capacités est
d'exécuter un programme avec les capacités de fichiers
correspondantes :
prctl(PR_SET_SECUREBITS,
SECBIT_KEEP_CAPS_LOCKED |
SECBIT_NO_SETUID_FIXUP |
SECBIT_NO_SETUID_FIXUP_LOCKED |
SECBIT_NOROOT |
SECBIT_NOROOT_LOCKED);
Il n'y a pas de véritable norme pour les capacités, mais
l'implémentation Linux est basé sur une interprétation de
la norme (retirée) POSIX.1e ; consultez
http://wt.tuxomania.net/publications/posix.1e/
NOTES¶
Depuis le noyau 2.5.27, les capacités sont optionnelles dans le
noyau et peuvent être activées ou désactivées avec
l'option de configuration CONFIG_SECURITY_CAPABILITIES du noyau.
Le fichier
/proc/PID/task/TID/status peut être utilisé pour
voir les ensembles de capacités d'un thread. Le fichier
/proc/PID/status indique les ensembles de capacités du thread
principal d'un thread. Avant Linux 3.8, les capacités
inexistantes étaient vues comme activées (1) dans ces ensembles.
Depuis Linux 3.8, toutes les capacités inexistantes
(au-délà de
CAP_LAST_CAP) sont vues comme
désactivées (0).
Le paquet
libcap fournit un ensemble de routines pour écrire et
lire les capacités d'un processus, de manière plus simple et
moins susceptible de changer que l'interface fournie par
capset(2) et
capget(2). Ce paquet fournit également les programmes
setcap(8) et
getcap(8). Il peut être trouvé
à l'adresse :
http://www.kernel.org/pub/linux/libs/security/linux-privs
Avant le noyau 2.6.24, et depuis le noyau 2.6.24 si les
capacités de fichier ne sont pas activées, un thread avec la
capacité
CAP_SETPCAP peut manipuler les capacités des
autres threads. Cependant, ce n'est possible qu'en théorie puisqu'aucun
thread n'a la capacité
CAP_SETPCAP dans un des cas
suivants :
- *
- Dans l'implémentation antérieure au noyau 2.6.25,
l'ensemble de limitation de capacités du système,
/proc/sys/kernel/cap-bound, masque toujours cette capacité
et ceci ne peut pas être changé sans modifier les sources du
noyau et le recompiler.
- *
- Si les capacités de fichiers sont désactivées dans
l'implémentation actuelle, alors init démarre sans
cette capacité dans l'ensemble de limitation de capacité de
son processus, et cet ensemble de limitation de capacité est
hérité par tous les processus créés sur le
système.
VOIR AUSSI¶
capsh(1),
capget(2),
prctl(2),
setfsuid(2),
cap_clear(3),
cap_copy_ext(3),
cap_from_text(3),
cap_get_file(3),
cap_get_proc(3),
cap_init(3),
capgetp(3),
capsetp(3),
libcap(3),
credentials(7),
pthreads(7),
getcap(8),
setcap(8)
include/linux/capability.h dans les sources du noyau Linux
COLOPHON¶
Cette page fait partie de la publication 3.65 du projet
man-pages Linux.
Une description du projet et des instructions pour signaler des anomalies
peuvent être trouvées à l'adresse
http://www.kernel.org/doc/man-pages/.
TRADUCTION¶
Depuis 2010, cette traduction est maintenue à l'aide de l'outil po4a
<
http://po4a.alioth.debian.org/> par l'équipe de traduction
francophone au sein du projet perkamon
<
http://perkamon.alioth.debian.org/>.
Christophe Blaess <
http://www.blaess.fr/christophe/> (1996-2003), Alain
Portal <
http://manpagesfr.free.fr/> (2003-2006). Julien Cristau et
l'équipe francophone de traduction de Debian (2006-2009).
Veuillez signaler toute erreur de traduction en écrivant à
<debian-l10n-french@lists.debian.org> ou par un rapport de bogue sur le
paquet
manpages-fr.
Vous pouvez toujours avoir accès à la version anglaise de ce
document en utilisant la commande «
man -L C
<section>
<page_de_man> ».